Le Royaume de Kensuké
6.6
Le Royaume de Kensuké

Long-métrage d'animation de Neil Boyle et Kirk Hendry (2023)

Je n'aurais pas cru aimer à ce point Le Royaume de Kensuké.


C'est que le film ne partait pas très bien, avec sa famille bobo, papa et maman au chômage mais qui, malgré tout, se paient un tour du monde en quête d'un nouveau départ, comme ils disent aujourd'hui... Et le fait d'embarquer les enfants dans l'aventure, dont l'un n'est pas vraiment consentant.


Un gosse avec lequel je n'ai pas immédiatement accroché, en plus...


De quoi me rappeler que j'étais passé à côté de La Tortue Rouge, film auquel des plumes plus aiguisées et éclairées que la mienne feront sans doute référence pour tenter de vous convaincre.


Ce sera donc une fois arrivé sur cette île que Le Royaume de Kensuké déploiera ses charmes et son essence. Ainsi que la beauté simple en 2D classique de ses décors propices à une sorte de recueillement.


Et les réticences initiales tombent peu à peu. Et l'on commence à partager la peur et l'isolement de cet enfant coupé des siens et de ses repères. Et l'on fait sien le vertige de son désespoir. Jusqu'à l'arrivée de ce Kensuké.


A partir ce moment, les solitudes des personnages du film s'embrassent. Par le défi et l'incompréhension, via la barrière du langage et les frontières dessinées sur le sable. Via l'apprivoisement et la compréhension de l'autre ensuite, comme lors cette rencontre magique avec des orang outangs dont Kensuké semble le gardien. L'image est jolie, sans chichi, et continue à se passer des mots dont le film se révélera économe.


L'oeuvre emportera le cœur définitivement quand l'Histoire sera contée en aquarelles aussi douces qu'amères, soudainement balayées par le souffle d'une explosion funeste. Rappelant l'attrait de Michael Morpurgo pour les thématiques historiques, comme l'avait déjà prouvé Cheval de Guerre, dont la relation avec le règne pourra animal sera en partie reprise dans son Royaume de Kensuké.


Jusqu'ici beau et résilient, le film, dans un détour de fable purement écologique, n'éludera pas la violence de l'invasion humaine le temps d'un débarquement en forme de pillage, insensé, injuste et destructeur. Assombrissant le ciel de l'Eden par son animation sobre, appuyant la disproportion d'un combat perdu d'avance.


Dans Le Royaume de Kensuké, le vert est de paradis teinté de sombres reflets, d'espoir, de sourires, d'acceptation et d'harmonie. L'oeuvre arpente un territoire vierge et luxuriant faisant ressortir tant la modestie graphique du trait employé que la poésie du propos et l'émotion d'une histoire profondément humaine.


Soit un cœur battant qui manquait à La Tortue Rouge.


Behind_the_Mask, vert émeraude.

Behind_the_Mask
8
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Le 10 février 2024

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